MOA/MOE : un couple efficace ?

Le rôle de MOA est apparu dans les années 1990 pour favoriser une prise de décision commune entre DSI et métiers quant aux orientations SI à prendre lors des projets. Avec l’importance accrue du SI dans les entreprises et sa complexification, le rôle de MOA s’est d’ailleurs progressivement structuré pour constituer de véritables organisations, parfois présent dans les directions métiers, parfois dans les DSI mais aussi comme structure à part entière. Quelle place la MOA a-t-elle aujourd’hui dans sa relation à la MOE ? Quel nouveau rôle la MOE doit-elle jouer face à l’industrialisation progressive des solutions proposées aux métiers ?  

Une relation MOA/MOE qui montre ses limites

Force est de constater qu’aujourd’hui, la relation MOA/MOE dans les projets n’est pas au beau fixe. Certains métiers préfèrent en effet travailler directement avec la MOE pour garantir une meilleure réactivité et éviter des fonctionnements en mode « passe-plat ». La séparation MOA/MOE entraîne finalement une dilution des responsabilités sur les projets et des difficultés de partage des priorités : un package bancal qui ne permet pas une mobilisation globale efficace. Enfin, ces dispositifs se révèlent inefficaces pour gérer la transversalité entre plusieurs contributeurs. Ils sont également sources de rupture dans les processus projets par les trop nombreux allers-retours qu’ils engendrent.

Par ailleurs, le niveau de structuration de la MOA est proportionnel au niveau d’importance du SI dans l’entreprise. La relation MOA/MOE montre ainsi ses limites dans des secteurs où le SI a une position clé tel que l’assurance ou encore la banque.

Une agilité clé du succès

La complexité de la relation MOA/MOE tient à deux éléments clés : les enjeux métiers et la nature du SI.

Au sein d’une entreprise, les métiers qui ont un enjeu de réactivité important (time to market faible), d’agilité ou d’innovation (multiplication des lancements de produits), auront besoin d’une forte proximité entre la MOE et les métiers. Limiter le nombre d’acteurs au sein des projets parait de ce fait pertinent.

La nature du SI constitue également un facteur d’influence de la relation entre métiers/MOA/MOE. En effet, la fonction MOA est indispensable pour des SI développés en mode « sur mesure » pour les métiers de façon à garantir la prise en compte des spécificités de ces derniers. Pour des SI de type web et surtout de type ERP, une forte proximité entre les métiers et la MOE sera ainsi nécessaire pour optimiser les opérations de paramétrage.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le couple MOA/MOE doit se définir au niveau de chaque projet et non de la DSI dans son ensemble pour être au plus près des enjeux métiers et tenir compte des natures de SI à faire évoluer.

Réinjecter de l’innovation dans la gouvernance des projets

Au-delà de la « frontière » MOA/MOE, c’est la gouvernance des projets dans sa globalité qui doit être revue.

Il est temps de troquer les habitudes du fonctionnement en cycle en V contre de nouvelles méthodes projets et de nouveaux modes de travail. L’introduction des méthodes agiles ou de développements rapides doit venir enrichir les méthodes projets existantes et être déployée de façon pragmatique en fonction des besoins des métiers et des natures de SI considérés. Par ailleurs, des solutions « multi-canal » demandent à la fois une vision transverse du SI mais également des structures de pilotage avec des responsabilités claires.

Au sein d’un projet, les modes de fonctionnement doivent également être revus pour favoriser la collaboration entre MOA/MOE : par exemple travailler en mode « plateau projet », co-construire  des livrables clés, etc.

Le SI, à l’image du développement des ERP et des progiciels, ne serait-il finalement pas en train de structurer de plus en plus les processus métiers et d’inverser la relation entre les DSI et les métiers ? S’il n’est qu’une seule chose à retenir, c’est que la relation MOA/MOE doit l’anticiper et se réinventer : intégrer plus de flexibilité et d’agilité pour toujours mieux servir ses métiers. Gagner plus d’efficacité dans le delivery projets ne devra néanmoins pas masquer les optimisations nécessaires entre MOA et MOE sur la gestion des priorités.

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