DSI : formez des architectes !

Daniel Krob est directeur de recherche au CNRS, professeur à Polytechnique et président de l’association CESAMES. Il est intervenu à l’Atelier Solucom le 23 juin 2011.

Qu’attend-t-on d’un architecte aujourd’hui ?

L’architecture d’entreprise est l’art de construire des représentations simples, complètes et opérantes, supports à la prise de décision managériale dans des contextes de mise en œuvre de SI.

L’architecte a donc pour objectif de ramener de l’ordre dans le chaos et de résoudre des problèmes de conception dans des environnements complexes. Il est le garant de la cohérence  du SI et de son environnement, ce qui l’amène à appréhender des problématiques aussi bien techniques qu’humaines.

Pour ce faire, il doit pouvoir combiner la méthodologie et la rigueur de l’ingénieur (savoir-faire d’expert) avec des compétences que l’on attribue traditionnellement à la filière managériale : orientation client (appréhension des dimensions culturelle, politique et commerciale des problématiques) ainsi que leadership et communication (l’architecte doit savoir s’adresser tantôt à un spécialiste technique tantôt à un décideur).

La combinaison de ces compétences requiert des « aspirants architectes » une disposition d’esprit que la formation saura aiguiser !

Quelle est l’offre de formation en France ? Est-elle suffisante ?

L’acquisition des compétences requises se heurte à la rareté de l’offre de formation :

  • L’offre de formation initiale est assez limitée : si certains cursus ingénieurs abordent la question de l’architecture dans sa globalité, le plus souvent, seules des notions techniques se rapportant au métier d’architecte sont traitées. Elles sont rarement mises en perspective comme participant à une fonction clé de la DSI de demain. Au global, le marché français ne doit pas sortir plus de 50 jeunes architectes bien formés par an !
  • L’offre de formation continue est un peu plus riche mais est dominée par un grand nombre de formations de « sensibilisation » courtes, au contenu très hétérogène et au niveau technique douteux. Il existe néanmoins quelques formations solides à l’instar du CESAMES ou d’autres cursus, principalement intra-entreprise (Thales, IBM, etc.), qui se déclinent sur la durée, généralement 1 an, avec un accompagnement tout au long du parcours.

Finalement, n’est-ce pas plus simple de former des collaborateurs prédisposés ?

Oui, le développement de la formation continue reste le moyen le plus efficace à disposition des entreprises pour faire émerger des profils « architectes » au sein de leurs équipes. Cela passe par deux actions clés : détecter parmi les collaborateurs les architectes en devenir et se doter de parcours pour assurer leur montée en compétence.

Qui plus est, cette approche permet d’alterner des cours théoriques avec des séquences de mise en pratique au sein de l’entreprise.

D’ailleurs, le défi en matière de gestion des carrières pousse à revenir sur deux idées reçues :

  • la mobilisation en tant qu’architectes de profils juniors n’est pas aberrante : leur manque d’expérience peut certes dans un premier temps limiter leur capacité à aborder des problématiques complexes, mais ils peuvent progresser s’ils sont bien accompagnés !
  • le recours au marché reste un moyen de palier ponctuellement au manque de ressources internes ; cela constitue même une opportunité non négligeable pour accélérer la montée en compétence de ses propres équipes.

Une chose est sûre : les entreprises doivent aujourd’hui prendre en considération cette ressource incontournable qu’est devenu l’architecte. À elles de s’en donner les moyens.

 

Back to top