Les chocs extrêmes : des risques que les entreprises globales ne peuvent plus se permettre d’ignorer (partie 1)

Le risque … selon Donald Rumsfeld

Parmi les maximes bien connues des risk managers, il y a cette phrase de Donald Rumsfeld en 2002, alors qu’il défendait l’intervention américaine en Irak :

“ […] there are known knowns; there are things we know we know.
We also know there are known unknowns; that is to say we know there are some things we do not know.
But there are also unknown unknowns – the ones we don’t know we don’t know.
And […] it is the
latter category that tend to be the difficult ones. ”

Cette citation traduit bien la situation à laquelle les organisations font face :

  • « known knowns » : ce sont les risques maîtrisés, dont l’occurrence et les conséquences sont évaluées et connues ;
  • « known unknowns » : ce sont les risques identifiés et recensés que les organisations ont choisis d’adresser à court ou moyen terme ;
  • « unknown unknowns » : ce sont les événements qui n’ont pas été repérés par le « radar » de la gestion des risques ou dont l’occurrence apparaît infime aux regards des autres risques.

Le Cygne Noir de Nassim Nicholas Taleb : théoriser l’imprévisible

En 2007, Nassim Nicholas Taleb développe dans (The Black Swan, publié en 2007) la théorie dite du « cygne noir ». Elle englobe les « unknown unknows » et caractérise les évènements imprévisibles aux impacts majeurs de nature à totalement changer l’environnement ou le destin d’une organisation. Les exemples sont malheureusement de plus en plus nombreux :

  • Catastrophes naturelles : ouragan Katrina aux USA (2005), séisme et tsunami dans l’océan indien (2004) ou au Japon (2011), éruption d’Eyjafjöll en Islande (2010), inondations en Thaïlande et en Australie (2011), etc.
  • Catastrophes industrielles : explosion de l’usine AZF (2001), incendie de la plateforme Deepwater Horizon (2010), sinistre des centrales de Fukushima (2011), etc.
  • Chocs financiers : choc pétrolier (1973 et 1979), chute d’Enron (2001), faillite Lehman Brothers (2008), fraude Madoff (2008), défauts d’Etats (Mexique 1982, Russie 1998, Argentine 2001, Grèce 2011), etc.
  • Phénomènes géopolitiques : chute du mur de Berlin (1989), attentats du World Trade Center (2001), guerre en Irak (2003), printemps Arabe (2011), etc.

Par nature, ces évènements se produisent à une fréquence imprévisible. Toutefois notre dernière décennie a montré l’accroissement de leur résurgence. Pour les seules catastrophes naturelles, 2011 a constitué l’année la plus coûteuse de toute l’histoire de l’industrie de l’assurance (~380 milliards de dollars selon l’ONU).

De plus, conséquence d’un monde globalisé et interconnecté, ces phénomènes ont des impacts collatéraux sur l’ensemble des économies de la planète (entre pays producteurs et consommateurs).

Des évènements que les entreprises ne peuvent plus ignorer

Les grandes organisations, qui agissent aujourd’hui sur un périmètre global, ne peuvent plus ignorer ces risques, susceptibles de les impacter directement ou indirectement via leurs fournisseurs, leurs partenaires et leurs clients.

Mais comment les appréhender ? A la différence des risques « traditionnels », impossible de prévoir où, quand et comment ces évènements peuvent se produire. Cela impose un changement de paradigme dans la manière de les adresser, qui fera l’objet d’une prochaine tribune.

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