2014 sera-t-elle l’année de la maturité du M2M ?

Le M2M (machine to machine) évolue, s’enrichit et s’appuie désormais sur des technologies maîtrisées. Des solutions innovantes se développent autour de ces dernières pour répondre aux besoins des entreprises (réduction des coûts, optimisation de la qualité de service, gain de productivité…). Avec une prévision de 50 milliards d’objets connectés en 2020, le M2M pourrait être LE relai de croissance attendu des opérateurs mobiles qui jusque-là évoluaient dans un marché saturé (pour rappel, le taux de pénétration des téléphones portables en France est supérieur à 100%). Le M2M constitue donc un enjeu stratégique pour ces acteurs. Les nombreuses offres mobiles M2M voyant le jour sont-elles pour autant arrivées à maturité ?

 Qu’est-ce que le M2M ?

Le terme M2M apparaît au début des années 2000, « il consiste à doter des objets intelligents de capacité de communication pour qu’ils interagissent entre eux ou avec le système d¹information d’une organisation ou d’une entreprise, sans intervention humaine ». Une de ses particularités réside dans l’hétérogénéité des technologies qu’il désigne. Les communications M2M peuvent ainsi transiter tant via des technologies classiques que par NFC, CPL et de nombreuses technologies encore non standardisées (tel que le protocole de communication ZigBee).

Le marché du M2M en France  se développe d’abord grâce aux 3 grands opérateurs de téléphonie mobile (Orange, SFR et Bouygues Télécom) mais l’écosystème comporte également de nombreux équipementiers, intégrateurs et fournisseurs d’applications, parmi lesquels on peut citer Wavecom, Westermo, Sierra Wireless, Kuantic, WebDyn, Telit, Watteco, Digi, et Kerlink.

Des technologies au cœur des enjeux métiers

Le M2M cristallise de nombreuses attentes. Que cela soit le secteur de l’automobile, de la santé, de l’énergie ou encore celui des grandes administrations, tous attendent du M2M qu’il révolutionne les usages, améliore les produits et crée de nouveaux services. On peut déjà parler de la télérelève énergétique, de la télémétrie (détection des pannes machines en temps réel) ou encore de la télématique (géolocalisation des colis en cours de livraison). Autant de nouvelles applications qui se multiplient et constituent une réelle valeur ajoutée pour des entreprises qui se laissent  toujours plus convaincre.

Des offres opérateurs dédiées…

L’explosion attendue de la demande en services mobiles M2M a conduit les opérateurs à construire des business unit dédiées et à s’associer avec de nombreux partenaires (fournisseurs de solutions techniques et d’applications métiers). Ils cherchent ainsi à couvrir l’ensemble de la chaine de valeur M2M et à accompagner leurs clients sur toutes leurs problématiques, dans des secteurs clés comme l’industrie, la monétique, la santé ou bien encore l’automobile.

Les offres se scindent en deux catégories : les solutions personnalisées avec le développement d’applications spécifiques à un besoin donné et les solutions « clés en main »  qui mettent à disposition des packages prédéfinis (incluant matériel, cartes SIM, services d’installation, etc.).

Toutes les offres actuelles s’appuient sur un modèle similaire, à savoir une offre de connectivité mobile (2G et 3G) à laquelle se greffent des services spécifiques au M2M :

  • mise en place d’un APN dédié pour améliorer la sécurité et l’intégration au réseau de l’entreprise (utilisation du plan d’adressage privé de l’entreprise, compatibilité avec les services d’infrastructures existants)
  • suivi en temps réel des états de connexion de la SIM
  • pré-qualification des sites (couverture mobile prédictive)
  • gestion de masse (activation à la demande/pré activation)
  • adaptation des modèles de facturation (forfaits bloqués ajustables, options) : la facturation se fait toujours au méga octet (de 2 à 5 euros/mo/ligne/mois selon l’offre)
  • spécialisation des cartes SIM : les offres M2M proposent des cartes SIM spécifiques (capacité d’écriture accrue, durée de vie, résistance au frottement, à la température, TAC bloquée, verrouillage par code PIN)

Ces services spécifiques viennent en complément d’options visant à offrir une connectivité plus proche des standards xDSL telles que la surpondération de la bande passante allouée (afin d’augmenter les débits minimum) ou des garanties de temps de rétablissement (typiquement en cas d’indisponibilité d’au moins 20% du parc).

…et des limites encore d’actualité.

Si les services intégrés par les opérateurs mobiles dans leurs offres packagées sont nombreux et répondent à des besoins réels, des limites inhérentes aux supports mobiles demeurent.

La première de ces limitations concerne les engagements sur les taux de disponibilité et le débit unitaire réel des SIMs M2M. Malgré les avancées sur la sur-pondération de bande passante et les antennes déportées, aucun mécanisme technique ne permet aujourd’hui aux opérateurs de garantir les taux les plus élevés. Les pénalités financières associées au non-respect des SLAs sur ces critères ne permettent d’ailleurs pas d’effacer les pertes de chiffres d’affaire associées à une indisponibilité du service pour les flux métiers les plus critiques.  On peut penser par exemple aux bornes de jeux en ligne qui peuvent générer des milliers d’euros de chiffre d’affaire en quelques dizaines de minutes et pour lesquelles une indisponibilité du service entraînerait un manque à gagner impossible à résorber par le remboursement d’un abonnement mobile.

La sécurité constitue elle aussi un point d’attention. Malgré les efforts réalisés (verrouillage par code PIN de la SIM, mécanisme de TAC blocking pour garantir l’utilisation dans un unique terminal), la brique sécurité au sein des offres packagées M2M reste notamment perfectible lorsqu’il s’agit d’interconnecter les réseaux mobiles M2M aux réseaux industriels et bureautiques existant dans le SI de l’Entreprise. L’impact en termes d’achat d’équipements complémentaires (Firewall, IPS, etc.) et de sollicitation des équipes sécurité internes peut rester fort pour le client.

Les limites des offres actuelles impliquent une réflexion sur les flux qui peuvent transiter par les solutions M2M. En l’état, il est indispensable de valider que la criticité des flux à faire transiter s’accorde avec ce type de solutions.

Au-delà des attentes classiques en matière de sécurité (confidentialité et non altération des données) un certain nombre de besoins métiers exigent une disponibilité maximum du service  (dans le domaine de l’énergie ou de la santé par exemple) ou ne peuvent transiger sur le débit maximum offert (affichage vidéo notamment). Aujourd’hui, les technologies mobiles M2M ne permettent pas encore de couvrir les besoins les plus stricts.

Des évolutions prometteuses et un écosystème en croissance

Il ne fait aucun doute que la construction des offres M2M va se poursuivre et que celles-ci vont donc continuer à s’enrichir. L’IoT (Internet of Things) est bien un sujet d’actualité et il sera notamment intéressant de voir comment les offres opérateurs vont intégrer les évolutions techniques majeures de ces dernières années. Nous pouvons surtout penser à la 4G qui permettra d’atteindre des débits semblables à l’ADSL à moindre coût, ou encore à l’arrivée de l’IPv6 qui facilitera l’ouverture des réseaux à internet.

Cette capacité d’intégration constituera un facteur déterminant pour la croissance des offres mobiles M2M et leur cohabitation avec d’autres solutions de connectivité M2M plus ou moins concurrentes. Notamment, celles basées sur des technologies radio basse consommation parfaitement adaptées pour des besoins faibles en débit et dont la couverture augmente rapidement (exemple de la Start up Sigfox dont l’offre est particulièrement séduisante pour des applications comme le Smart Metering ou la télégestion de panneaux d’affichage).

Grâce à ces avancées attendues et une adoption accrue des solutions M2M en entreprise, on peut s’attendre à la création pour un grand nombre de clients de véritables parcs d’équipements connectés opérés à distance.  La connectivité accrue des automates et bornes permettra d’abord l’optimisation des processus d’exploitation existants mais également le développement de services innovants grâce à la hausse des débits et la visibilité des équipements depuis Internet.

La balle est donc dans le camp des opérateurs mobiles, à eux désormais de transformer l’essai.

 

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