Quels modèles d’affaires dynamiseront le Big data dans l’énergie ?

La valorisation de la donnée a déjà démontré sa valeur ajoutée dans les secteurs de web, du retail, du transport et de l’assurance. Cela permet d’anticiper des opportunités de valorisation très importantes dans l’énergie.

Comme en témoigne le rachat de l’entreprise de thermostats intelligents Nest par Google début 2014, les géants du web s’intéressent toujours plus à la valorisation de la donnée dans l’énergie et se positionnent en préempteurs sur ce marché émergent et prometteur.

Face à ces nouveaux entrants, la position des acteurs de l’énergie doit être à la fois défensive et offensive. L’enjeu principal pour eux est de faire émerger puis développer les marchés de demain et d’en capter une part à moyen terme. Il s’agit également pour ces acteurs de développer et d’améliorer la gamme de services nécessaires à leur activité actuelle et future. De ce fait, la collaboration est la clé de la réussite des modèles de valorisation des données. Les acteurs de l’écosystème de l’énergie et du digital ont tout intérêt à être partenaires plutôt que concurrents.

3 modèles d’affaires pour dynamiser le Big data dans l’énergie

L’analogie avec les secteurs précurseurs dans la valorisation de la donnée – web, grande distribution, transport – permet d’identifier les grands modèles d’affaire qui dynamiseront la question du « big data » sur le marché de l’énergie. Des modèles qui doivent être choisis en fonction des enjeux, des capacités et du profil de l’entreprise.

1er modèle : l’Open Data

L’Open Data consiste à mettre gratuitement les données à disposition du public. Ce modèle parie sur l’intelligence collective pour améliorer la valorisation des données et développer des services et des processus plus performants.

Dans le secteur de l’énergie, l’Open Data est particulièrement intéressant pour les entreprises réglementées comme les distributeurs ERDF et GRDF. D’une part, cela leur permet de développer une image positive  en termes responsabilité sociale, de transparence et d’ouverture dans le nouveau paradigme de la donnée partagée libre ou valorisée. Et d’autre part, les données sont un moyen de renforcer leur relation avec leurs partenaires clés, comme les territoires par exemple. Enfin, c’est un moyen de valoriser la richesse de leurs activités tout en défendant et développant leur position au sein de l’écosystème.

2ème modèle : la création de nouveaux services

Les acteurs de l’énergie peuvent également être moteurs et inventer de nouveaux services. La fourniture « sèche » de l’énergie offre de faibles niveaux de marge pour les commercialisateurs. De plus, ce service fait partie du quotidien des personnes qui le consomment sans y penser : il est donc peu impliquant pour les consommateurs.

Une option pourrait être de s’émanciper des offres de fourniture pour imaginer des services couplés. Ces nouvelles offres peuvent s’appuyer sur d’autres leviers que la simple fourniture d’énergie, par exemple l’attrait pour l’ergonomie d’un équipement de pilotage énergétique.

Le développement de nouveaux services de données est un autre levier et doit permettre d’enrichir l’expérience consommateur, en améliorant son confort par exemple. À l’instar des packages proposés depuis une dizaine d’années dans la téléphonie mobile, les énergéticiens et leurs partenaires pourraient tirer parti de l’attente des consommateurs envers un objet désirable et concevoir une solution complète combinant un objet design, la fourniture énergétique et un service de données.

L’association à des partenaires d’autres secteurs est incontournable pour développer de telles offres. Des démonstrateurs doivent être déployés pour évaluer la génération de nouveaux revenus à court et moyen termes, et les gains en termes de fidélisation client.

3ème modèle : l’optimisation des processus, y compris du back-office

Enfin, la valorisation de la donnée doit permettre aux acteurs d’être vertueux dans l’optimisation de leurs processus industriels et métier. Certaines parties prenantes pourraient notamment réaliser d’importantes économies sur la maintenance et les investissements dans les moyens de production et le réseau.  Dans le secteur du courrier, le traitement automatisé des enveloppes (TAE) aide par exemple La Poste dans le traçage de la vie du pli tout au long de son cheminement postal. Déployé depuis 2009, le TAE lui a déjà permis de réaliser d’importantes économies internes.

Ces trois grands modèles sont complémentaires et répondent à des objectifs différents. Ils sont conditionnés par la faculté des différents acteurs à développer leurs capacités industrielles SI et comptage, à acquérir des marges de manœuvre sur le marché français de l’énergie et à fonctionner en partenariats.

 

Le ROI est mort, vive le test and learn !

La prise d’initiatives est difficile pour les grands groupes lorsque le retour sur investissement (ROI) n’est pas certain. Or la mutation des marchés accélérée par les nouvelles technologies se situe aujourd’hui dans un environnement d’incertitude, en particulier sur le ROI. Plutôt que de se positionner en suiveurs sur des services dont la rentabilité est garantie, les acteurs de l’énergie doivent adopter une approche plus audacieuse d’expérimentations.

L’analyse du comportement agile des start-ups est instructive : elles ne jettent jamais leur R&D mais s’efforcent au contraire de leur trouver des débouchés, quitte à réorienter leurs objectifs ou leurs business modèles. Au contraire, les grands groupes abandonnent souvent une partie de leurs efforts de R&D sans avoir été au bout du process de test and learn.

 En s’inspirant du comportement agile des start-ups, les grandes entreprises de l’énergie pourront ainsi être motrices pour développer l’activité actuelle et future et préempter les marchés de demain. Plus que le retour sur investissement, leur préoccupation doit porter sur une gouvernance efficace et une plus grande flexibilité du modèle d’affaire de leurs projets de valorisation de la donnée.

Pour autant, il ne s’agit pas de ne rien contrôler. Le motto est justement de tester et de mesurer les grandes opportunités, pour prendre les meilleures décisions (poursuivre le projet, le réorienter, le redimensionner, voire l’abandonner au bon moment).

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