La fraude en ligne : comment la détecter et s’en prémunir ?

L’authentification est au cœur de la sécurité du système d’information de toute organisation. Authentifier clients, collaborateurs ou partenaires est essentiel pour s’assurer que la bonne personne accède à la bonne ressource. Ceci est d’autant plus critique pour les banques en lignes et sites de e-commerce, une usurpation d’identité dans ces contextes ayant un impact financier et d’image immédiat pour le client et/ou le site en question.

Une évolution indispensable de l’approche « traditionnelle »  de l’authentification

Si les solutions d’authentification classiques (normale, forte ou renforcée) constituent bien une première couche de sécurité essentielle pour la protection des ressources, force est de constater qu’elles affichent aujourd’hui certaines limites :

  • L’authentification étant bien souvent le premier niveau de sécurité rencontré par un client (par exemple sur sa banque en ligne), il est aussi fort logiquement le premier à être attaqué. On constate par exemple depuis quelques années une course entre les banques en ligne pour renforcer leurs solutions d’authentification proposées à leurs clients.
  • Comme souvent, la course au renforcement de la sécurité au niveau de l’authentification se fait au détriment de l’expérience utilisateur avec des solutions par toujours très ergonomiques, lors de leur activation ou de leur utilisation. Certaines (token matériel, certificats) ne sont par ailleurs pas adaptées aux nouveaux usages mobiles.

Trouver un bon compromis entre niveau de sécurité et expérience utilisateur reste pour autant un point essentiel pour des acteurs tels que des banques en ligne ou les sites de e-commerce qui savent bien qu’une authentification trop complexe risque de décourager un client d’utiliser ses services en ligne, voire de le faire abandonner un achat.

Améliorer la sécurité en ayant un impact limité sur l’expérience des clients, apporter une stratégie de sécurisation complémentaire à l’authentification, telles sont les promesses des solutions de détection de fraude dont le marché est aujourd’hui florissant. Les derniers rapports des analystes tels que Gartner ou Forrester montrent bien l’expansion de ce type de solution, ces derniers évaluant désormais plus de 40 solutions dans leurs études.

La fraude en ligne : quelle stratégie adopter ?

S’il existe aujourd’hui un marché très riche de solutions de détection de fraude en ligne, on retrouve une approche souvent semblable, s’articulant autour de trois piliers.

Le premier enjeu consiste à collecter un maximum d’informations afin de permettre une évaluation du contexte dans lequel se présente un client et d’estimer si les opérations qu’il est en train de réaliser sont légitimes. À ce titre, différents types de données peuvent être pertinentes à collecter :

  • Des données liées au contexte de connexion de l’utilisateur, telles que le fingerprint de son device, l’IP, la localisation et l’horaire de la connexion, ainsi que des données techniques permettant par exemple de détecter la présence de malwares connus.
  • Des données de type comportemental liées à l’interaction de l’utilisateur avec son device et son environnement : habitude de navigation sur un site web ou biométrie comportementale telle que la manière de frapper au clavier, de bouger sa souris, de remplir des formulaires,…
  • Des données métier propres aux opérations réalisées par un utilisateur : type de bénéficiaire ajouté pour un virement, montant d’un achat en ligne,…

Une fois ces données collectées, les solutions de détection de fraude en ligne vont chercher à mettre en œuvre des stratégies permettant d’exploiter en temps réel ces données pour juger de la dangerosité de l’opération en cours. Ces stratégies consistent en général à définir des règles de détection (ex : interdire une opération depuis un pays à risque, lever une alerte en cas de connexion sur de multiples comptes depuis le même device en un cours délai,…) et à utiliser des profils comportementaux dans une logique de scoring. Dans ce second cas, des écarts trop importants par rapport à l’usage « habituel » pourra être considéré comme risqué et déclencher une action de la part de la banque ou du site de e-commerce.

Comment traiter les contextes suspects ?

Ces solutions de détection de fraude en ligne présentent donc de nombreux avantages :

  • Tout d’abord, elles ne se substituent pas aux solutions d’authentification classiques, mais on bel et bien pour objectif de renforcer et compléter cette première couche de sécurité.
  • Ce renforcement de la sécurité est, dans la majeure partie des cas, transparente pour les utilisateurs, a minima lorsqu’aucun contexte suspicieux n’a été détecté. En cas de détection d’un contexte suspicieux, ces solutions ont également l’avantage de pouvoir adapter les réponses apportées en fonction du niveau de risque quantifié. Ainsi, des contextes de connexion fortement suspects peuvent conduire par exemple à redemander une authentification à l’utilisateur, demander une authentification avec un niveau de sécurité plus élevée, bloquer l’opération ou encore notifier l’utilisateur via un canal tiers. En revanche, lorsque le niveau de risque détecté reste modéré (bien que plus élevé que pour un contexte « normal »), le traitement de ce dernier peut également être transparent pour l’utilisateur, par exemple en alertant simplement le centre antifraude du fournisseur de service sans pour autant bloquer ou alerter l’utilisateur.
  • Enfin, une meilleure détection de ces fraudes ou tentatives de fraudes en amont permet d’alléger et simplifier les chaines de traitement des dossiers de fraude en aval, lorsque ces dernières sont avérées.

Parallèlement aux avantages sus-cités, certaines questions ou points d’attention doivent être pris en compte avant de déployer ce type de solutions.

  • Des phases pilotes en amont du déploiement sont indispensables afin de s’assurer que les règles implémentées conduisent à des taux de faux positifs / faux négatifs acceptables. Par exemple, des taux de faux positifs trop importants peuvent rapidement dégrader l’expérience utilisateur et générer de l’incompréhension (pourquoi me demande-t-on une seconde authentification ? pourquoi suis-je bloqué ? j’ai reçu une notification par mail, ai-je réellement été piraté ? etc.).
  • Ces solutions, si elles ont pour but de réduire le nombre de fraudes, ont également pour conséquence d’augmenter le nombre d’alertes en amont, comme dit précédemment. Il est donc indispensable, pour le fournisseur de service, d’être en mesure de traiter ces alertes remontées et donc dimensionner les équipes en charge de ces traitements en conséquence.
  • Enfin, afin de complexifier le contournement (toujours possible !) de ces solutions par les hackers, il est important notamment de diversifier au maximum les types de données collectées, les règles utilisées pour évaluer le risque de fraude, de s’assurer que les traitements de ces données sont bien réalisés côté serveur et non côté client, etc.
Back to top