Startup cybersécurité en France, un écosystème en pleine explosion (1/2)

La cybersécurité est aujourd’hui au centre des attentions et la protection des données personnelles ou la défense contre les cyberattaques sont devenues des priorités pour les entreprises et les Etats. Dans un domaine où la menace évolue sans relâche, l’innovation est un prérequis. Si les Etats-Unis et Israël prédominent, désormais la France se détache par le dynamisme de ses startups cybersécurité et la diversité des dispositifs mis en place pour les épauler. Zoom sur les spécificités du panorama français.

La cybersécurité en France

Un tissu dynamique de plus de 100 startups

Aujourd’hui, la France compte plus de 100 startups ou PME innovantes en matière de cybersécurité. Ce nombre, en constante augmentation, reflète le dynamisme du secteur et les atouts de la France dans ce domaine. Le secteur représente plus de 1000 emplois directs. Même si cela peut paraître faible, ce nombre devrait augmenter fortement dans les prochaines années.

Une majorité de startups choisissent de réinventer des solutions de sécurité déjà bien implementées

60% des startups entrent sur le marché avec la volonté de faire évoluer des solutions de sécurité ayant déjà fait leurs preuves (sécurité des terminaux, du réseaux, de la messagerie, gestion des identités…).

De manière générale, attaquer un marché déjà consolidé est complexe. Mais il reste des fenêtres d’opportunités, en particulier dans la sécurité applicative. De nombreux acteurs importants sont présents sur ce domaine sans pour autant parvenir à proposer de solutions vraiment satisfaisantes. Les approches innovantes de jeunes pousses comme Sqreen, Ingen ou encore Yagaan peuvent apporter un renouveau.

Sécurité industrielle, cryptographie, et reverse engineering : des domaines innovants sur lesquels la France est bien positionnée

En regard, de nombreuses startups françaises (40%) ont su se positionner sur des technologies où tout reste à construire. Sur les systèmes  industriels, par exemple, les acteurs français comme Sentryo ou Seclab sont particulièrement bien positionnés. C’est aussi le cas pour les technologies d’analyse de logiciels malveillants avec des produits ou des services comme ceux de Tetrane et Quarkslab. Leurs expertises sont reconnues internationalement, y compris par des grands groupes américains.

Côté cryptographie, l’école française de mathématiques permet aux startups d’avoir accès à des expertises pointues difficiles d’accès dans d’autres pays. Cela permet le développement d’outils innovants d’analyse de vulnérabilités comme Cryptosense.

En revanche, certains domaines sont encore négligés en France alors qu’ils ont un fort potentiel de développement, comme les techniques de « tromperie » (« deception » en anglais, qui vise à fournir des fausses informations à un attaquant pour le ralentir) dont l’essor est déjà amorcé en Israël et même au niveau Européen.

Des startups françaises avec des difficultés de communication et de valorisation de leur expertise

L’écosystème national de startups est très dynamique et les expertises, même très spécifiques, ne manquent pas pour concrétiser des idées ou lancer des premiers produits. Un point-clef est cependant requis sur le marché de la cybersécurité : la capacité à communiquer efficacement. Les contacts entretenus avec plusieurs incubateurs étrangers nous montrent une différence frappante en termes de communication entre des startups anglos-axonnes qui savent valoriser leurs produits grâce à des pitchs percutants et un marketing efficace.

Ce manque d’expertise commerciale est particulièrement pénalisant pour les startups françaises qui souhaitent internationaliser leurs offres.

La France, une terre propice pour les startups cyber

Depuis plusieurs années, de nombreuses initiatives se développent en France pour soutenir le secteur cyber. On peut citer la stratégie de Sécurité Numérique du gouvernement portée par l’ANSSI ou encore les investissements du Ministère de la Défense. Différents pôles économiques sont mobilisés, ce qui se traduit concrètement par une concentration géographique des startups. Paris est, comme souvent, en tête mais Lyon, Rennes ou le sud de la France sont aussi très présents.

Présentation du radar des startups

Depuis 2015, Wavestone réalise une veille active sur le domaine des startups dans le cadre de son programme ShakeUp. Fort de ses nombreux contacts et actions au sein de l’écosystème de l’innovation cybersécurité en France, le radar des startups compte aujourd’hui près de 400 structures répertoriées à l’échelle européenne et internationale avec un focus particulier sur la France. Les critères pour intégrer le radar français : siège social en France, moins de 35 salariés et moins de 7 ans d’existence de la structure juridique (hors pivot majeur).

Suite à ces actions de veille par les équipes de la practice cybersécurité et confiance numérique, les startups les plus innovantes sont rencontrées pour réaliser une évaluation de leur solution et certaines peuvent rejoindre ShakeUp, le programme d’accélération de Wavestone.

 

 

 

 

Des structures d’accompagnement nombreuses et actives mais peu spécialisées

La France est un des leaders mondiaux dans l’innovation avec pas moins de 228 incubateurs nationaux et une cinquantaine d’accélérateurs. Mais par rapport à Israël, à la Suisse ou au Royaume-Uni, nous ne disposons pas de structures d’incubation ou d’accélération spécifiquement dédiées à la cybersécurité. Certains incubateurs ont créé des clusters pour concentrer les savoir-faire mais sans pour autant spécialiser les accompagnements. Ainsi, il est rare de trouver dans ces structures des coachs ayant une forte connaissance du marché cyber, de ses acteurs et de ses spécificités notamment dans le processus d’achat et de qualification de produits. Axeleo ou Wavestone sont ce qui se rapprochent le plus des structures étrangères dédiées.

A suivre, une initiative régionale nommée Ocssimore va démarrer à la rentrée 2017 à Toulouse.  La FrenchTech, très présente et visible à l’international, se mobilise depuis peu sur le sujet de la cybersécurité avec la création du réseau thématique « Security & Privacy ».

Un écosystème de financement favorable mais perfectible

La France a de véritables atouts pour le financement de l’innovation, dont de nombreuses startups témoignent de l’efficacité.  Le « Programme Investissement Avenir » investit 22 milliards d’euros dans la recherche ; le « Crédit Impôt Recherche » et le statut de « Jeune Entreprise Innovante » permettent de réduire les coûts de R&D, les charges sociales et l’impôt sur les sociétés.

De son côté, BPI France multiplie les financements dédiés aux entrepreneurs et les actions d’accompagnement grâce à ses partenaires (banques, investisseurs, régions…) et, par le biais d’accélérateurs, elle propose des prêts participatifs et peut se porter caution auprès des banques.

De nombreuses aides régionales sont également disponibles. En parallèle, nous assistons à une nette augmentation du corporate venture ainsi que les Business Angels sont parfois même en concurrence pour investir dans les meilleures startups cyber.

Cependant, l’écosystème complexe, avec un grand nombre d’acteurs, rend souvent le parcours de financement compliqué. Les démarches pour lever des fonds s’apparentent à de véritables marathons où la bureaucratie est encore très présente. Il s’agit d’avoir un plan de bataille précis, pour solliciter chaque dispositif au bon moment avec le bon dossier… sans pour autant sacrifier le temps destiné au développement de la startup ! Enfin, peu de grands groupes français font l’acquisition des startups, qui peuvent alors être tentées d’accepter les offres d’entreprises étrangères.

La France possède donc un formidable écosystème de startup dans le domaine de la cybersécurité, plaçant le pays parmi les leaders mondiaux. En effet, la création de startup en France est soutenue par des structures d’accompagnement adaptées. Mais pour assurer leur pérennité, ces startups cherchent à attirer de nombreux clients, notamment parmi les grands groupes français.

Back to top