Cyberdéfense : l’Etat veut franchir une nouvelle étape

Le nouveau livre blanc Défense et Sécurité Nationale 2013 a été publié en avril dernier. Si ses précédentes éditions abordaient déjà la cyberdéfense, elle apparaît de plus en plus prégnante dans la stratégie de protection de l’État : le cyberespace est plus que jamais considéré comme un champ de confrontation aussi important que l’air, la terre, la mer et l’espace extra-atmosphérique.

 Une menace qui s’est accrue ces dernières années

Le constat n’est pas nouveau : nos sociétés reposent de plus en plus sur les systèmes d’information pour leurs activités cœur de métier et sur les réseaux qui les interconnectent, rendant les crises qui les touchent de plus en plus globales et complexes à gérer. Leurs vulnérabilités sont bien souvent la conséquence d’un développement véloce, qui a laissé de côté les démarches de sécurisation ou les a sous-estimées. En revanche, depuis le livre blanc de 2008, les menaces se sont largement accrues, tant en probabilité qu’en impact. Il en résulte une exposition critique pour de nombreux systèmes cruciaux pour les activités françaises.

Les menaces du cyberespace se situent aujourd’hui à deux niveaux. D’un côté, on retrouve la cybercriminalité qui ne remet pas en cause la sécurité nationale mais met en péril la compétitivité des entreprises et leur image : vol de propriétés intellectuelles ou de données personnelles, indisponibilité ou défacement de sites web… De l’autre, des attaques relevant de la cyberguerre à des fins d’espionnage, de destruction ou prise de contrôle d’infrastructures d’importance vitale.

Si aujourd’hui les cyberattaques semblent, aux yeux de l’opinion publique, moins graves que les actes terroristes qui causent des morts, elles n’en restent pas moins une des préoccupations premières de l’État tant c’est une menace à forte probabilité et fort impact potentiel.

 L’État veut se donner les moyens de ses ambitions

Afin de franchir une étape nécessaire dans sa capacité de protection, l’État souhaite donc lancer des actions sur quatre axes complémentaires. Le premier est celui des ressources humaines. Il s’agit de développer les compétences dans ce domaine et de former des experts à même de répondre à ces nouvelles situations. Au-delà de spécialistes, il est nécessaire de faire de la sécurité de l’information un incontournable de tout cursus informatique afin d’assurer les compétences, mais aussi l’appétence, des informaticiens de demain face à ces sujets. En outre, la volonté de constitution d’une réserve de spécialistes de la cyberdéfense est rappelée. L’ANSSI, qui a déjà annoncé des objectifs de recrutement ambitieux pour les prochaines années devrait donc poursuivre dans cette trajectoire.

Favoriser l’investissement dans des produits de sécurité maîtrisés est le second axe de travail, qui, complété par un renforcement des politiques d’achats devrait permettre à l’État d’avoir toute confiance dans ses fournisseurs.

Le troisième axe s’attache aux comportements humains puisque le livre blanc souligne une fois encore l’importance de la sensibilisation à la sécurité de l’information. Sensibilisation des employés bien sûrs, pour prévenir au maximum les incidents, mais aussi sensibilisation plus large de tous les utilisateurs d’Internet.

Enfin et non des moindres, un dispositif législatif et réglementaire fixant des standards de sécurité pour les opérateurs d’importance vitale va se dessiner : il s’agit ainsi d’imposer des mesures de détection et traitement des incidents touchant les systèmes sensibles, incluant notamment la notification des incidents.

 Des impacts pour les entreprises : encore et toujours la notification des incidents

Ce sont principalement ces deux derniers axes qui vont entraîner le plus d’impacts pour les entreprises.  En effet, ce nouveau livre blanc leur rappelle l’importance de la sensibilisation, démarche déjà lancée dans de nombreuses organisations, et qui nécessite encore et toujours des actions régulières. Mais ce sont les projets de loi qui amèneront certainement le plus de nouveautés !

À l’image du projet de règlement Européen qui élargirait la notification de fuite d’informations personnelles du paquet Télécoms à toutes les entreprises, cette loi imposerait la notification des atteintes à la sécurité de son SI à tous les opérateurs d’importance vitale et donnerait à l’ANSSI des responsabilités associées (capacité d’audits…). De nombreuses entreprises publiques et privées seront alors concernées, sur un périmètre plus large que la fuite de données à caractère personnel et même au-delà du périmètre des opérateurs d’importance vitale déjà suivi par l’Etat. Une réponse attendue depuis plusieurs années dont les modalités d’application resteront à apprécier quand le texte sera rédigé. Rendez-vous fin 2013 !

 

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