Datacenter contre cloud computing : mort programmée de l’hébergement en datacenter « traditionnel » ?

Complexes et manquant de souplesse, les modèles d’hébergement en datacenter existant commencent à plier sous le poids de l’historique du SI. A l’inverse, les sirènes du cloud computing ne cessent de chanter : agilité, performance, juste coût… et séduisent de plus en plus de donneurs d’ordres. Face à cet engouement pour le cloud computing, quelle place restera-t-il aux datacenters traditionnels ?

Le datacenter d’hier à aujourd’hui

Le modèle de datacenter traditionnel est divisé en 3 couches de service. Tout d’abord, il y a l’hébergement, qui intègre la fourniture d’énergie électrique / de climatisation, les raccordements « réseau » et « télécom », sans oublier la sécurité physique. La 2ème couche est l’infrastructure qui comprend de son côté les infrastructures mutualisées (réseau, stockage, sécurité, sauvegarde…) et les serveurs dédiés aux applications. Enfin, la dernière couche est celle de l’infogérance : MCO*, administration, suivi des niveaux de services…

Les datacenters consolidés et externalisés tels que nous les connaissons sont nés de 2 grandes mutations :

  • Le passage de salles informatiques décentralisées et dont la sécurisation des accès est faible vers des datacenters consolidés a d’abord permis de mieux répondre aux besoins croissants d’hébergement et de sécurité tout en réduisant les coûts du fait de la rationalisation des moyens humains et matériels.
  • L’accélération de la croissance des besoins d’hébergement (capacité et disponibilité des infrastructures primaires) et du cycle de vie des applications ainsi que la volonté des grands groupes de se recentrer sur leur cœur de métier ont ensuite généré  l’externalisation des services d’hébergement et infogérance.

Les limites du datacenter actuel

Aujourd’hui, le datacenter traditionnel peine parfois à satisfaire les besoins des grands groupes.

Les coûts et les délais d’activation de nouveaux services sont importants. Le service d’opérations n’est plus suffisamment agile pour répondre aux exigences de flexibilité demandées par les Métiers.

Par ailleurs, la gestion en interne du socle IT force les DSI à s’engager à long terme sur leurs choix de technologies et à conserver en interne les compétences ad hoc. Dans ce contexte de réduction des coûts, ce modèle consommateur de CAPEX ne permet pas aux DSI d’atteindre leurs objectifs.

Enfin, l’évolution, toujours plus grande difficilement prévisible, des besoins d’hébergement rend difficile le dimensionnement des datacenters qui sont conçus pour une durée de 10 à 15 ans.

Des services clouds qui dépassent ces limites…

Le Cloud computing est pour ainsi dire l’évolution du modèle de datacenter traditionnel vers une approche orientée service. Le client commande des ressources packagées sous la forme d’un service (IaaS, PaaS ou SaaS) et ne se préoccupe pas des technologies qui les supportent.

Il est plus souvent vendu sous forme de Cloud privé, infrastructure dédiée dont l’usage est exclusif à une organisation, ou sous forme de Cloud public, infrastructure mutualisée et ouverte à tous.

Le Cloud, de par ses caractéristiques, semble en effet plus apte à répondre aux attentes des DSI, car il s’avère :

  • Agile : le cycle d’activation des nouveaux services est court, de l’ordre de quelques heures à comparer à 3 ou 4 semaines pour le datacenter traditionnel (possible réduction des délais avec la virtualisation)
  • Élastique : la capacité du SI s’adapte à la demande du client donnant l’impression d’infini
  • Simple à gérer : l’approche « unité d’œuvre » permet de transférer la complexité technique et financière du SI au fournisseur. De plus, la facturation à l’usage optimise les coûts du service
  • Conçu dans l’optique de qualité de service grâce à la standardisation de son modèle

… sans pour autant être illimités eux-mêmes !

Certes standardisées et performantes, les offres Cloud nécessitent souvent une adaptation préalable du client, qui peut se révéler coûteuse et chronophage. Aujourd’hui seuls des périmètres standardisés du SI s’avèrent de fait éligibles au Cloud. Cette éligibilité restreinte, ainsi que la complexité accrue pour rendre les SI interopérables, pouvant au final faire du Cloud un élément complexifiant le SI plus qu’il ne le simplifie. Par ailleurs, la capacité du Cloud à respecter les contraintes de confidentialité et de localisation des données imposées par les réglementations (données personnelles…) pose encore question.

Enfin, la perte de la maîtrise du SI en interne de bout en bout inhérente au Cloud effraie beaucoup les DSI. La dépendance au fournisseur est grande et la réversibilité est encore floue.

Quels services de datacenter pour demain ?

Malgré les freins qui sont inhérents au Cloud et à anticiper, du fait de ses nombreux avantages, ce dernier se développe, même si principalement sous forme « privée » ou sur des périmètres restreints. La mouvance vers le Cloud passera par deux étapes.

Dans un premier temps, le mouvement va préférentiellement s’opérer du datacenter traditionnel vers le cloud privé, qu’il soit interne ou externe. Ce mouvement sera naturel dans le cas des services infogérés externes, notamment par l’évolution des contrats vers une approche orientée service. Pour les datacenters internes, il sera provoqué par les pressions des Métiers sur la DSI pour l’implémentation d’un service moins coûteux et plus lisible. Ces premières implémentations participeront à la levée des freins à l’adoption du cloud, ce qui permettra le développement du Cloud public dans un second temps.

Même si le cloud risque de faire perdre des parts de marché au datacenter traditionnel, l’avenir n’est pas à la disparition mais à la cohabitation. De son côté, le datacenter traditionnel restera présent pour les infrastructures spécifiques (Mainframe ZOS, AS400…) ou dans le cas d’un SI très spécifique. Le Cloud privé quant à lui sera exploité dans le cas de SI standards ou standardisables mais contenant des données stratégiques. Enfin, le Cloud public fera loi dans le cas de SI standards ou standardisables dont les données manipulées sont non stratégiques et non confidentielles et dont le besoin d’intégration avec les infrastructures hors du Cloud est faible.

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