KINECT, ou comment l’innovation des jeux vidéo bénéficie à la sécurité

Dès sa sortie en 2010, les fonctionnalités de KINECT sont prometteuses : le dispositif capte les mouvements des utilisateurs et les retranscrit sur des personnages pour les animer, sans l’utilisation de manettes et joysticks. En 2013, la deuxième version de KINECT va plus loin en  introduisant un module de reconnaissance faciale permettant d’étendre le champ des applications possibles… jusqu’au domaine de la sécurité ? Pour en savoir plus, revenons en détails sur le système KINECT.

Un dispositif technologique novateur destiné à la capture de mouvements

KINECT offre une alternative aux systèmes intrusifs de capture de mouvements, les systèmes de capture lumineux et les systèmes mécaniques. Bien que coûteux, ces derniers sont utilisés pour leur niveau de performance et leur grande rapidité dans l’animation de systèmes robotiques notamment. Les systèmes lumineux, quant à eux, exigent de porter une combinaison utilisant des marqueurs, sorte de petites lampes, émettant de la lumière pour indiquer leur position. Le suivi de posture s’effectue alors par triangulation. À titre d’exemple, le film « Pirates des Caraïbes » a été réalisé grâce à un système de capture lumineux, les acteurs portant des marqueurs actifs permettant de suivre entre autres les mouvements du visage avec un haut niveau de précision.

Image utilisation des capteurs de KINECT dans Pirates des Caraïbes

KINECT, pour sa part, ne nécessite pas de porter un squelette externe ou une combinaison. Le dispositif capture la posture grâce à un système mixte composé d’une caméra couleur couplée à un émetteur infrarouge et à son détecteur. Ce système permet d’obtenir une carte de profondeur de la scène observée, qui est associée à l’image couleur acquise par la caméra pour réaliser une reconstruction en 3D. À titre de comparaison, les systèmes stéréoscopiques classiques utilisent uniquement un ensemble de caméras couleurs pour trianguler la position de chaque élément d’une scène. Ce système peut alors subir les ambiguïtés des images, par exemple lorsqu’un acteur ne se distingue pas clairement de la couleur du décor. La précision peut être augmentée avec le nombre de caméras, au détriment de la qualité « temps-réel » du suivi…

Des applications allant au-delà de l’usage initial

Dès sa sortie, plusieurs applications utilisant le système KINECT ont été développées en dehors de sa console d’origine, la XBOX 360. Par exemple des interfaces gestuelles pour ordinateur ont vu le jour, permettant de faire défiler des images d’un simple geste de la main, ou de naviguer sur un site web. Ce n’est déjà plus un simple périphérique de jeux vidéo ! Dans les années qui ont suivi, des chirurgiens canadiens ont utilisé KINECT dans les blocs opératoires pour manipuler et zoomer directement sur des radiographies numériques, évitant ainsi de les toucher, et donc de devoir se laver les mains à nouveau. Dans le domaine de la sûreté, KINECT a été utilisé pour surveiller la zone démilitarisée entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, permettant ainsi de distinguer les mouvements d’êtres humains de ceux des animaux, contrairement à des détecteurs de mouvements classiques.

Avec KINECT 2, des perspectives prometteuses en matière de sécurité

En 2013, KINECT 2 a fait son apparition avec des capteurs plus précis et plus sensibles, permettant de réaliser de la reconnaissance faciale.

Ainsi KINECT 2 promet déjà de nouvelles applications dans le domaine de la sécurité. David Myers, professeur à l’Université Loyola (Nouvelle Orléans) prédit que cette technologie se mettra en place très prochainement dans le milieu scolaire « pour s’assurer que l’étudiant qui se présente à un examen est bien la bonne personne ». Par ailleurs, les autorités aéroportuaires de certains pays du golfe réfléchissent activement à la mise en place de portiques automatiques aux frontières utilisant la reconnaissance faciale par KINECT entre autres. Les contrôles d’identités seront ainsi facilités à condition que les voyageurs se soient préalablement enregistrés sur une base de données commune.

Dans le domaine de la téléphonie mobile, on peut imaginer que le rachat en 2013 de PrimeSense, le concepteur de KINECT, par Apple va permettre d’améliorer la sécurité concernant l’accès utilisateur. Ainsi, l’une des options envisagées serait de renforcer le système de reconnaissance d’empreintes digitales Touch ID avec la reconnaissance faciale de KINECT. Il se pourrait aussi que la reconnaissance faciale permette d’autoriser l’affichage, ou non, d’informations confidentielles à l’écran, sans solliciter explicitement l’utilisateur. Ainsi, l’appareil pourrait vérifier la présence du visage de son propriétaire avant d’afficher les messages électroniques, permettant d’augmenter le niveau de sécurité sans impacter le confort de l’utilisateur par une demande de mot de passe ou d’empreinte digitale supplémentaire.

L’enjeu d’aujourd’hui est de permettre aux utilisateurs d’accéder et de s’approprier ces nouveaux services. Il ne faut pas non plus oublier que l’utilisation des technologies biométriques (avec  « trace » notamment) est très encadrée en France par la CNIL ; les données biométriques pouvant être capturées et exploitées à l’insu des individus. Un sujet d’actualité notamment par la proposition de loi encadrant les usages de la biométrie, adoptée en première lecture par le Sénat le 27 mai dernier. Affaire à suivre…

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