Evolution du référentiel HDS – Vers une sécurité et une souveraineté renforcées 

La certification Hébergeur de Données de Santé (HDS) est un dispositif réglementaire français qui encadre l’hébergement des données de santé à caractère personnel. Instaurée par le décret n°2018-137 du 26 février 2018, elle est obligatoire pour tout acteur hébergeant des données de santé. Elle vise à garantir un niveau élevé de protection pour ces données particulièrement sensibles, en imposant des exigences strictes en matière de sécurité, de disponibilité et de confidentialité. 

 

Dans un contexte où la transformation numérique du secteur de la santé s’accélère, la protection des données de santé est un enjeu toujours plus critique. En 2021, notre article « Certification Hébergeur de Données de Santé : deux ans déjà ! », par Laurent Guille et Alexandra Cuillerdier, dressait un premier bilan prometteur du référentiel HDS. Face à la croissance des enjeux liés à la souveraineté des données et à la cybersécurité, une refonte s’imposait. Cette évolution vers HDS v2, entrée en vigueur en 2024, marque un tournant dans l’approche de l’hébergement des données de santé en France, en renforçant la protection et la souveraineté des données de santé dans un contexte numérique en constante évolution. 

 

HDS v1 : un premier cadre structurant mais perfectible 

 

Depuis son introduction en 2018, le référentiel HDS a contribué à structurer et professionnaliser le secteur de l’hébergement des données de santé. Cependant, cette première version du référentiel présentait certaines limitations. En particulier, le cadre initial présentait des zones d’ombre concernant la souveraineté des données, notamment sur la localisation et le contrôle des données de santé. En outre, l’évolution rapide des menaces cyber et des technologies imposait une mise à jour substantielle des exigences de sécurité pour maintenir un niveau de protection adapté aux risques actuels. 

 

Refonte du cadre technique et sécuritaire 

 

Sur le plan technique, les nouvelles exigences de la norme ISO 27001:2023 sont adoptées au sein de la nouvelle version de HDS. Cette mise à jour intègre une gestion des risques de sécurité adaptée aux nouveaux contextes numériques, ainsi que de nouveaux contrôles liés à la cybersécurité. 

Les autres références normatives sont quant à elles rationnalisées. Les références aux normes ISO 20000-1, ISO27017 et ISO27018 disparaissent dans le cadre d’HDS v2 tandis que 31 exigences spécifiques sont directement intégrées dans le référentiel, qui s’appuie également sur la norme ISO/IEC-17021-1:2015 pour encadrer l’évaluation de la conformité. Cette nouvelle version vient également préciser l’articulation avec les exigences du référentiel SecNumCloud afin de faciliter l’obtention de la certification HDS pour les hébergeurs déjà qualifiés SecNumCloud. 

 

Un renforcement majeur de la souveraineté numérique 

 

L’une des évolutions les plus marquantes d’HDS v2 concerne le renforcement de la souveraineté numérique. Le nouveau référentiel impose désormais que l’hébergement physique des données de santé soit réalisé exclusivement sur le territoire de l’Espace Économique Européen (EEE). Cette exigence vient renforcer les garanties en termes de protection des données et contribue à l’émergence d’un écosystème d’acteurs européens dans le domaine de la santé numérique. 

 

Elle est complétée par le renforcement de la transparence, qui devient également un enjeu central du dispositif, avec deux obligations majeures : 

  • Les hébergeurs doivent désormais publier sur leur site internet une cartographie des éventuels transferts de données vers des pays hors EEE, permettant ainsi aux personnes concernées et aux acteurs de santé d’avoir une visibilité claire sur le parcours de leurs données ;
  • En cas d’accès distant aux données depuis un pays tiers ou de soumission à une législation extra-européenne n’assurant pas un niveau de protection adéquat au sens de l’article 45 du RGPD, l’hébergeur doit en informer ses clients dans le contrat. Il doit notamment préciser les risques associés et détailler les mesures technique et juridiques mises en œuvre pour les limiter.

 

Renforcement des exigences contractuelles 

 

L’encadrement de la sous-traitance fait l’objet d’une attention particulière dans HDS v2. Les mesures associées sont renforcées et les hébergeurs doivent désormais notamment : 

  • Détailler précisément les activités d’hébergement certifiées dans leurs contrats ;
  • Maintenir une transparence totale sur leur chaîne de sous-traitance ;
  • S’assurer que leurs sous-traitants respectent les mêmes exigences de sécurité et de localisation des données ;
  • Mettre en place des mécanismes de contrôle et d’audit de leurs sous-traitants.

Ces nouvelles obligations contractuelles visent à garantir une meilleure maîtrise de la chaîne de valeur et une plus grande transparence pour les responsables de traitement. 

 

Conséquences pratiques pour l’écosystème 

 

Pour les hébergeurs de données de santé, ces évolutions du référentiel impliquent une adaptation de leurs infrastructures pour garantir la localisation des données dans l’EEE. Elles nécessitent également une mise à niveau de leurs mesures de sécurité pour répondre aux exigences de la version 2023 de la norme ISO 27001 et la revue des contrats, tant avec leurs clients qu’avec leurs sous-traitants. 

 

Perspectives et mise en œuvre 

 

Cette nouvelle version modernisée du référentiel HDS permet de répondre aux enjeux croissants de sécurité, de souveraineté et de transparence. Sa mise en œuvre s’échelonne sur environ deux ans, avec une application immédiate pour les nouvelles certifications à partir du 16 novembre 2024, et une période de transition jusqu’au 16 mai 2026 pour les hébergeurs déjà certifiés HDS v1. 

 

À plus long terme, plusieurs questions se posent sur l’évolution du dispositif. À l’heure où la directive NIS 2 intègre déjà les prestataires de soins de santé et l’industrie pharmaceutique parmi ses secteurs d’activité essentiels, tout en classant la fabrication de dispositifs médicaux et de diagnostic in vitro dans ses secteurs importants, l’émergence d’HDS 2 soulève une question : la coopération européenne pourrait-elle aboutir à un cadre encore plus intégré pour la protection des données de santé et harmoniser les pratiques à l’échelle du continent ? 

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