Et si la vague de froid nous apprenait à moins consommer ?

[Tribune rédigée en collaboration avec Bastien Contreras]

Alors que le froid semble peu à peu quitter la France, RTE compte les records… de consommation électrique. En effet, mercredi 8 février à 19h, on a enregistré une consommation totale de 101,7 GW sur l’ensemble du territoire. Ce pic a dépassé le record établi la veille de 100,5 GW… Le précédent record datait du 15 décembre 2010, avec 96,7 GW.

Consommer trop peut-il nous inciter à modifier nos comportements et à consommer moins ?

Un appel d’EDF au sens citoyen

En cette période de grand froid, EDF recommande des gestes simples pour limiter sa consommation d’électricité, en particulier entre 18h et 20h (période de pointe) :

  • Limiter les besoins en chauffage en renforçant l’isolation du logement : fermer les volets, tirer les rideaux ou calfeutrer les bas de portes sont des gestes simples qui permettent de mieux conserver la chaleur à l’intérieur de l’habitat.
  • Ajuster la température du logement : un intérieur chauffé à 19°C environ suffit au bien-être pendant la journée. Un degré de chauffage en moins équivaut à 7 % de réduction sur la facture d’électricité
  • Reporter certaines consommations en dehors de la période de pointe quand cela est possible : recharger ses appareils électriques, nettoyer un four électrique à pyrolyse, voire démarrer une machine à laver sont autant d’opérations qui peuvent facilement être effectuées en dehors de la période de pointe située entre 18h et 20h.
  • Traquer les consommations inutiles : ne pas laisser les appareils électriques en veille et, bien sûr, éteindre les lumières dans les espaces inoccupés.

 Une maîtrise de la demande en électricité encore embryonnaire

En vue de modérer la consommation d’électricité, EDF a activé les Effacements des Jours de Pointe (EJP) du 6 au 10 février. L’option EJP permet aux clients EDF qui l’ont souscrite de bénéficier pendant 343 jours par an d’un tarif avantageux, en contrepartie d’un prix plus élevé pendant 22 jours par an, étalés entre le 1er novembre et le 31 mars.

Les très grandes entreprises ont également la possibilité de souscrire des offres à engagement d’effacement. EDF peut alors déclencher ces effacements une quinzaine de jours par an et rémunérer ses clients en fonction de la quantité d’énergie et de la durée d’effacement constatée.

En cas d’hiver rigoureux, ces mesures permettent déjà à EDF de réduire  la consommation d’environ 3 %.  Elles préfigurent les modes de consommation du futur.

 Un long chemin d’ici  2050 !

La feuille de route pour l’énergie à horizon 2050 de la Commission Européenne prévoit un recul de la demande d’énergie primaire de 16 à 20 % d’ici 2030 et de 32 à 41 % d’ici 2050 par rapport aux pics constatés en 2005-2006 mais une telle performance prendra place dans un paysage énergétique totalement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. En effet des transformations radicales de la production, du transport et de la consommation sont à prévoir.

  • De nouveaux moyens de production d’énergie renouvelable de très grande puissance, par exemple  des parcs d’éolienne en mer du nord pouvant  produire une centaine de GW ou bien encore des moyens locaux de micro-production d’énergie renouvelable par exemple des panneaux photovoltaïques de quelques kW.
  • De nouvelles autoroutes de l’électricité (réseaux électriques à longue distance en courant continu) ainsi que des réseaux régionaux équilibrant au plus près  la consommation et la production locale d’électricité.
  • De  nouveaux modes de consommation de l’énergie qui restent à inventer : C’est par un  ajustement plus fin de la demande à l’offre que l’on permettra à la collectivité d’optimiser l’utilisation d’une ressource électrique limitée. Ces nouvelles règles du jeu marquent la fin du mythe de l’électricité abondante et bon marché; leur application  ne pourra cependant être dissociée de la reconnaissance d’un  droit à l’énergie par exemple en instaurant des tarifs préférentiels sur les premières tranches de consommation.

Par la médiatisation générée, les pics de froid contribuent sans doute à une sensibilisation de l’opinion à une réalité : l’électricité a un coût… De là à ajuster notre consommation en conséquence, il y a un pas que seuls quelques nouveaux records nous permettraient de franchir.

 Lire l’article précédent sur la vague de froid.

Pour lire plus d’articles sur le secteur de l’énergie, cliquez ici.

Back to top