Le paradoxe des projets de Data Leak Prevention (DLP) : une problématique clé, des solutions matures… mais une mise en œuvre qui fait encore peur

L’évolution des menaces et de la réglementation pousse les entreprises à être de plus en plus attentives à leurs données et à orienter les protections sur ce périmètre. Les solutions de prévention contre la fuite d’information, ou DLP, apportent des éléments de réponses à leur problématique. Pour autant, si le besoin semble réel et les solutions matures, les retours d’expérience restent limités par rapport à ce que l’on pourrait attendre.

Un apport des DLP complémentaire à la lutte contre l’intrusion et au contrôle d’accès

Une fuite d’information peut provenir de trois sources différentes. L’attaquant externe est souvent celui qui vient à l’esprit en premier. Cependant, l’expérience montre que ce sont les utilisateurs internes, autorisés ou non, qui font fuir le plus d’information.

Suivant la position de celui qui fait fuir l’information, trois grandes étapes peuvent être enchaînées : intrusion, accès à l’information, diffusion de l’information – dont la nécessité dépend des accès initiaux de l’acteur à l’origine de la fuite d’information. À chacune de ces étapes, des solutions de sécurité permettant de réduire le risque existent.

Il convient d’agir à toutes les étapes d’une fuite d’information en s’appuyant sur des mesures allant de la sécurité physique aux solutions de Digital Right Management (DRM), en passant par le chiffrement de flux, le cloisonnement, ou encore la gestion des accès et des habilitations…

Si de telles mesures sont déjà mises en œuvre, les outils de DLP permettent alors essentiellement de se prémunir contre des erreurs ou malveillances d’utilisateurs ayant un accès légitime à l’information. En ce sens, ils permettent d’apporter une protection au plus proche de la donnée.

Des solutions fonctionnellement matures

Les mécanismes de contrôle des DLP sont mis en œuvre à travers des règles ou politiques centralisées permettant d’analyser les traitements faits sur la donnée quelle que soit sa nature ou son support.

Grâce à des agents déployés sur le réseau et/ou sur les postes de travail, le DLP va pouvoir empêcher la copie d’un fichier sur un périphérique externe, l’envoi d’un document sensible par email, l’impression d’un document ou encore la publication d’une information confidentielle sur les réseaux sociaux.

Après analyse et filtrage des données par la solution DLP, différentes mesures de prévention peuvent être prises, avec un impact plus ou moins élevé pour l’utilisateur : alertes, demande de justification, blocage…

Enfin, il convient de noter que les acteurs du marché mettent de plus en plus l’accent sur le contexte d’utilisation de la donnée. Certains éditeurs proposent ainsi des fonctionnalités de gouvernance au sein de leur solution de DLP permettant par exemple de savoir exactement où se trouvent les données sensibles et qui y a accès.

Le marché des DLP est donc de plus en plus mature : la couverture fonctionnelle proposée est élevée et évolutive, la gestion de l’impact sur les collaborateurs de plus en plus souple. Néanmoins, les retours d’expérience restent limités par rapport à ce que l’on pourrait attendre.

La raison de ce paradoxe vient du fait que les métiers sont trop souvent insuffisamment impliqués dans les projets de DLP, alors même que ces projets n’ont que peu de chance d’aboutir sans eux, en particulier vu le volet RH nécessairement associé.

Adopter une approche par les résultats pour mobiliser les métiers

Il est illusoire de vouloir protéger toutes ses données dans tous les cas d’usage imaginables. Une approche purement technique visant un périmètre exhaustif n’a que peu de chance de convaincre, particulièrement dans la conjoncture économique actuelle.

Une approche par les résultats mêlant ciblage précis, démarche outillée, accompagnement et visibilité est donc à favoriser dès la sélection de la solution. Une fois les objectifs atteints sur un périmètre prioritaire, on peut envisager de l’élargir.

La première étape, primordiale, est donc la définition du périmètre prioritaire de données à protéger et des cas d’usage fonctionnels à traiter. Identifier les dix données les plus critiques, s’appuyer sur des situations fonctionnelles avérées, commencer par un nombre limités de supports pour réduire les aléas techniques sont autant de facteurs clés de succès.

La définition des processus de surveillance (politiques d’interaction avec les utilisateurs, processus en cas d’alerte…) ne doit également pas être négligée. Sur ce volet, et dès le début du projet, il est important de mobiliser les fonctions RH de l’entreprise pour valider le mode de mise en œuvre de la démarche DLP (alerte, blocage, journalisation…), construire les processus de gouvernance associés et au final envisager un passage devant les instances représentatives du personnel.

Lorsque le cadrage global du périmètre fonctionnel est effectivement achevé, la phase de sélection de la solution peut être entamée. Une démarche outillée impliquant la réalisation d’une maquette est indispensable pour s’assurer de l’adéquation de la solution aux cas d’usages fonctionnels identifiés et évaluer les résultats envisageables.

En cas de résultats satisfaisants, un déploiement progressif est à envisager avec un leitmotiv : la sensibilisation des utilisateurs.

Enfin, en mode récurrent, l’intégration à un SOC (Security Operation Center) peut permettre de bénéficier de la maturité de la gestion opérationnelle de la sécurité pour optimiser la surveillance d’une part et l’accompagnement et la visibilité fournis aux métiers d’autre part.

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