Chromebook : le PC Cloud de Google à l’assaut des entreprises

Après Google Apps et ses terminaux sous Android, Google poursuit son offensive dans l’environnement de travail en s’attaquant au marché des PC avec ses Chromebook. Malgré un départ timide depuis leur commercialisation en 2011, Google persévère en multipliant les partenariats et commence à susciter l’intérêt en entreprise.

Des ventes modestes mais des perspectives intéressantes

Les ventes de Chromebook restent faibles : 2,9 millions d’unités ont été vendues en 2013 sur un marché total de 317 millions de PC, soit moins de 1% du marché. Elles sont également très ciblées, puisqu’elles se concentrent principalement en Amérique du Nord sur le marché de l’éducation.

Néanmoins, selon le cabinet d’étude Gartner, le marché du Chromebook devrait voir ses ventes augmenter de 79 % en 2014 par rapport à 2013 et les ventes devraient tripler d’ici 2017 pour atteindre 14,4 millions d’unités. Des chiffres relativement modestes mais en contraste avec un marché du PC en berne.

Le Chromebook concrétise la vision du PC selon Google

Pour Google, un PC sert avant tout à utiliser des applications web sur internet. Dans cette optique, le géant de Mountain View a conçu Chrome OS, un système d’exploitation léger basé sur son navigateur Chrome. L’interface est minimale et épurée, privilégiant la simplicité et la réactivité. Chrome OS est conçu principalement pour un usage connecté : il permet d’exécuter des applications Web… en particulier les services fournis par Google : Google Apps, Google Play, Google Print…

La légèreté de l’OS permet aux constructeurs de proposer des appareils avec des configurations matérielles modestes et donc des prix très attractifs tant pour les Chromebook (ordinateurs portables) que pour les Chromebox (ordinateurs fixes, à la diffusion plus confidentielle).

Outre l’accès à des applications web, il est également possible d’utiliser des applications spécifiques sur  les Chromebook, les Chrome Apps. Celles-ci sont à base de technologies web mais avec l’apparence d’une application classique. Elles permettent surtout un fonctionnement en mode déconnecté pour un usage hors ligne (c’est le cas de Gmail par exemple). Les Chrome Apps sont accessibles via le store applicatif Chrome Web Store, un peu à l’image de Google Play pour Android.

Des caractéristiques séduisantes pour les entreprises…

Les Chromebook se caractérisent par leur facilité d’utilisation : démarrage et arrêt en quelques secondes, interface simple et intuitive, ajout d’applications via le Chrome Web Store, puissance et efficacité des outils Google parfaitement intégrés.

Les entreprises apprécieront également le peu d’opérations de maintenance nécessaires avec des mises à jour automatiques et fréquentes de l’OS et une gestion de la sécurité native (vérification au démarrage, navigateur sécurisé, données chiffrées…).

Google fournit également une console d’administration avec des fonctions minimales permettant de gérer une flotte de Chromebook : gestion des utilisateurs, de la configuration, des applications (applications préinstallées, liste blanche ou noire d’applications autorisées ou interdites), reporting.

Autant d’attributs qui rendent le Chromebook séduisant pour les entreprises.

… mais une intégration compliquée avec l’existant de l’entreprise

De nombreuses limites apparaissent en effet vite lors de l’utilisation d’un Chromebook en entreprise, la première concernant les applications.

Un Chromebook permet d’accéder aux applications au format web. Néanmoins, de nombreux sites intranet n’ont pas été conçus pour le navigateur Chrome mais pour Internet Explorer et pourraient nécessiter des adaptations. Les sites web utilisant des middlewares Java, Silverlight ou Flash ne sont également pas supportés.

Les applications Windows pour leur part ne fonctionnent pas sur un Chromebook. Certaines, encore peu nombreuses pour les applications professionnelles, sont disponibles au bon format dans le Chrome Web Store. Pour les autres, une solution  sera de se tourner vers des solutions de type publication d’applications ou de bureaux virtuels fournis par Citrix ou VMware, qui disposent de clients pour Chromebook. Ces clients (au format HTML 5) ne sont cependant pas encore aussi avancés que sur d’autres plateformes.

Les autres limites concernent l’intégration avec des services classiques d’infrastructure. Un Chromebook ne s’intègre pas dans un annuaire Active Directory et nécessite forcément un compte Google. Egalement gênant est la difficulté voire l’impossibilité d’utiliser des services aussi basiques que du partage de fichiers ou d’impression. Un utilisateur peut ainsi ajouter une imprimante mais cela nécessite d’utiliser les services Google Print mais également de disposer d’imprimantes « Cloud-Ready Printer, ce qui est rarement le cas en entreprise actuellement.

Quel avenir dès lors pour les Chromebook en entreprise ?

Le Chromebook représente une vraie rupture par rapport au modèle de PC classique sous Windows : plus simple, plus rapide, nécessitant peu de maintenance et peu coûteux, il reste cependant limité fonctionnellement et ne pourra rendre les mêmes services en entreprise. Est-ce à dire que c’est une voie sans issue ?

Pour des entreprises utilisant déjà les services Google comme Google Apps, la question de l’utilisation de Chromebook pour certains profils utilisateurs se doit d’être posée. Cette solution peut avoir un intérêt dans différents cas : utilisateurs mobiles travaillant principalement avec des outils collaboratifs, offre de type PC low cost avec un accès aux applications Windows via les solutions Citrix ou VMware, remplacement de clients légers, borne d’accès Intranet/Internet…

Pour les autres, Google continue à investir dans sa solution et à développer des partenariats pour améliorer sa plateforme : alliance avec Cisco pour disposer de Webex sur sa plateforme, travail avec Citrix et VMware pour améliorer l’accès aux applications Windows. L’engagement de constructeurs comme Lenovo ou HP est aussi à souligner.

Autant de signes positifs pour les Chromebook et leur développement en entreprise. À Google de se donner les moyens de percer pour de bon dans le monde de l’entreprise !

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