Véhicule électrique : quels leviers sur le marché de masse ?

À la différence du véhicule thermique qui s’est diffusé dès son invention, le véhicule électrique est resté une technologie émergente depuis le 19ème siècle. Cependant, les externalités négatives de la motorisation thermique sur l’environnement et la santé, associées à la raréfaction et à la volatilité des prix du pétrole, recréent aujourd’hui l’engouement autour des véhicules électriques. Mais quels leviers permettront enfin sa diffusion massive dans la société ?

L’autonomie, un frein psychologique

Pour le consommateur, son autonomie moyenne limitée à 150 km semble être le principal frein endogène à son adoption. Mais l’angoisse de la panne est en réalité infondée car, sur une journée, 80% des véhicules individuels ne parcourent pas plus de 60km, et 92% pas plus de 100km. Il est donc techniquement possible d’utiliser un véhicule électrique pour la grande majorité de ses déplacements et d’emprunter un moyen de transport alternatif pour les quelques trajets excédant son autonomie. Cela suppose en revanche une transformation du paradigme de mobilité.

L’expérimentation de nouveaux paradigmes de mobilité, un levier d’adhésion majeur

En effet, le véhicule électrique est une innovation de rupture, plus sociétale que technologique. Son adoption suppose la conduite du changement sociotechnique de la mobilité thermique vers la mobilité électrique, qui tend vers plus de multimodalité et moins de possession. Dans ce contexte, l’intégration des véhicules électriques dans les flottes d’entreprises, de collectivités locales et d’offres d’autopartage, constitue les premiers leviers de leur diffusion. Ils offrent en effet au grand public la possibilité d’expérimenter de nouveaux modes de mobilité, ce qui favorise leur appropriation, le bouche à oreille, et donc la réduction de l’opposition naturelle au changement.

La densité du réseau de recharge, un gage de fiabilité

La diffusion du véhicule électrique est intimement liée au déploiement d’infrastructures de recharge adaptées. Aussi, le gouvernement  français, qui s’est fixé pour objectif en 2009 la mise en circulation de 2 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables en 2020, soit un taux de pénétration de 5%, estime qu’il faudra au même horizon se doter de 4 millions de bornes privées et de 400 000 bornes publiques. Pour ce faire, la loi Grenelle 2 oblige notamment l’intégration de prises de recharge dans les nouveaux immeubles (bureaux et habitations) avec parking, et établit un droit à la prise au sein des copropriétés. Les bornes publiques, quant à elles, qui ne devraient représenter que 5% des usages, permettront cependant de rassurer les usagers. 12 villes et agglomérations (1) seront d’ailleurs soutenues par l’État dans leur installation à hauteur de 50 millions d’euros.

Le coût total de possession, un axe de communication fondamental

En attendant les économies d’échelles liées à la production de masse des batteries qui rendront le coût d’acquisition des véhicules électriques moins dissuasif, son coût total de possession est un indicateur majeur. Au-delà du simple coût d’achat élevé du véhicule, il met en évidence l’intérêt potentiel d’un tel investissement en prenant en compte les économies en carburant et en entretien qu’il permet. 20% des Français se disent en effet prêts à acheter un véhicule électrique ou hybride malgré un coût d’achat 10 à 20% plus élevé que son équivalent thermique, grâce à une réflexion en termes de TCO (TCO = Total Cost of Ownership ou coût total de possession en français). Par ailleurs, la possibilité d’étaler le coût de la batterie sur la durée de vie du véhicule en la louant permettra également de favoriser l’électromobilité. Mais après leur vie mobile dans les voitures électriques, les batteries auront-t-elles une vie stationnaire pour alimenter les maisons en heures pleines ?

 [Article rédigé en collaboration avec Maxime Mary]


[1] Aix-en-Provence, Angoulême, Bordeaux, Grenoble, Le Havre, le Grand Nancy, Nice, Orléans, Paris, Rennes, Rouen et Strasbourg

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