Développer l’efficacité énergétique des logements des particuliers : illusion ou vrai levier ?

Face à l’enjeu de l’efficacité énergétique des bâtiments, les particuliers pourraient facilement être réduits à un rôle passif. Ce serait faire erreur ; car même s’ils « subissent » pour partie leur logement, un certain nombre d’actions sont à leur portée.

5 leviers d’action pour les consommateurs particuliers

D’emblée, on est frappés par le caractère systémique et complexe de l’efficacité énergétique des logements des particuliers. Les usages sont nombreux, température (chauffage et climatisation), eau chaude, éclairage, électroménager, sans parler des véhicules électriques. Et chaque usage a ses propres caractéristiques. Nous distinguons cinq grands leviers d’action :

  • L’efficacité énergétique passive. C’est la performance intrinsèque de l’enveloppe du bâtiment : isolation, fenêtres, circulation passive de l’air. Elle concerne deux usages, la température bien sûr, mais aussi l’éclairage, par la valorisation de la lumière naturelle. Ce levier, fortement mis en avant ces dernières années,  est cependant extrêmement gourmant en investissement.
  • La consommation et le rendement énergétique des équipements techniques. Tous les usages sont concernés avec les chaudières, les ampoules, les équipements électroménagers…  Les innovations technologiques permettent de faire des sauts de performance à l’occasion du remplacement de ces équipements.
  • L’efficacité énergétique active. Elle correspond à la mise en place de solutions, combinant des équipements de mesure et des logiciels d’analyse et de pilotage (ex. variateurs d’éclairage, détecteurs de présence, smart plug, box énergie). Ce levier concerne tous les usages et demande peu d’investissement. Il a été récemment mis en avant à l’occasion de la visite du Hive (siège de Schneider Electric) par Delphine Batho.
  • Le comportement des consommateurs. Même si l’automatisation des solutions de gestion énergétique facilite la vie des consommateurs, il n’en est pas moins vrai qu’à niveau de performance énergétique identique sur les trois leviers précédents, le comportement des consommateurs est essentiel pour maximiser les économies. Il s’agit ici de développer le comportement « consom’acteurs ».
  • Les incitations réglementaires et économiques. Ce levier est transversal aux précédents. Il se traduit principalement par les prix et par les mesures fiscales (éco-prêt à taux zéro, crédit d’impôt développement durable, chèque travaux … et demain le (bonus)/malus). Il peut aussi correspondre, plus radicalement à des normes (RT 2012) ou des interdictions (ampoules à incandescence).

Simplification et accompagnement, clés de l’action des consommateurs

Face à ce panorama foisonnant, la plupart des particuliers sont perdus. Comme le sujet est impliquant ils souhaitent agir … mais bien souvent faute de pistes concrètes, ils se retrouvent dans une situation que les sociologues appellent l’inhibition de l’action.

Pour répondre à cet enjeu, il faut simplifier et accompagner les consommateurs, notamment pour les deux moments clés que sont le diagnostic et la conduite de l’action. Pour le diagnostic, qui est indispensable pour prioriser les actions, l’enjeu consiste à intégrer la totalité des leviers présentés ci-dessous et à aboutir à des propositions chiffrées avec une identification des entreprises pouvant intervenir. Une fois le diagnostic fait, le plus compliqué démarre : obtenir les financements, contractualiser et faire réaliser les travaux ou installations. Le pouvoir de négociation des particuliers étant faible, la mise en place de dispositifs permettant de massifier la demande est à explorer, à l’instar de ce qui apparaît pour les bâtiments publics (cf. l’initiative de la région Rhône-Alpes avec la création de la Société Publique Locale « Energie Climat »).

En parallèle nous proposons de développer un raisonnement segmenté de type « business case ». Trois critères sont à prendre en compte : les caractéristiques du logement, la capacité de financement du particulier et son comportement. La définition de scénarios d’efficacité énergétique aboutissant chacun à un modèle économique et environnemental précis devrait permettre de mieux cibler l’action.

En conclusion, nous partageons l’importance, pour la transition énergétique, du développement de l’efficacité énergétique des logements des particuliers. Constatant que le consommateur est souvent perdu face à la complexité du sujet, nous proposons une approche segmentée permettant de proposer, à chacun, un scénario d’efficacité énergétique correspondant à sa situation. Enfin ce domaine nous semble d’autant plus prioritaire qu’il est générateur d’emploi qualifiés, aussi bien dans les grandes entreprises françaises fortement positionnées sur ces sujets, qu’en proximité, sur nos territoires, au plus proche des consommateurs.

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