L’Information Voyageur : un enjeu de taille, des obstacles à franchir

L’Information Voyageur (IV) constitue la 2ème attente des usagers de transports publics après la ponctualité. Elle prend par conséquent une part de plus en plus importante dans le métier des transporteurs qui la considèrent aujourd’hui comme un levier important pour le report modal1.

 Pourtant, côté application mobiles, cette information est encore trop souvent incomplète. Et s’il est possible d’être informé des perturbations d’une ligne ou d’un transporteur particulier, le réseau d’un territoire se compose quant à lui d’une multitude de lignes, transports et transporteurs… Ainsi, dès qu’il effectue un trajet multimodal ou multi-transporteurs, le voyageur se voit contraint de télécharger plusieurs applications ! Et en cas de perturbation, c’est encore lui qui le plus souvent construit lui-même son nouvel itinéraire, alors que si les données étaient consolidées, les applications pourraient rendre ce service à forte valeur ajoutée.

Pourquoi est-ce si difficile de recevoir et d’accéder à une IV temps réel consolidée sur son territoire ? Est-ce mission impossible ?

Informations théoriques et informations temps réel : les deux visages de l’information voyageur

Il faut en effet distinguer les deux principales familles de l’Information voyageur.

D’un côté, il y a l’offre théorique avec les horaires planifiés, la topologie du réseau ainsi que les tarifs. Pour les usagers, ces données sont les plus accessibles car, du fait notamment de leur stabilité dans le temps, elles sont facilement intégrées dans les Systèmes d’Information Voyageur (SIV).

De l’autre côté, il y a l’information temps réel, le côté plus obscure. De ce côté on retrouve toutes les informations liées à l’exploitation du réseau de transport réalisé à travers les systèmes d’aide à l’exploitation (SAE), telles que les horaires de passage des véhicules aux arrêts, ou encore la gestion des incidents. À l’origine, cette information, associée au métier de l’exploitant, n’était pas destinée aux voyageurs. Malgré les tentatives de démocratisation des SAE-IV dont le périmètre de diffusion reste tout de même très localisé (bornes d’information voyageur, écrans publics, bandeaux lumineux et sonores dans les véhicules), cela continue de se traduire chez les opérateurs de transport par des systèmes d’information temps réel et théorique cloisonnés.

Ce cloisonnement entraîne bien souvent des incohérences. On peut le voir notamment lors de modifications du plan de transport qui sont répercutés en « théorique » mais pas en temps « réel » (ou inversement), ce qui dans le pire des cas conduit à une information fausse sur certains canaux.

IV théorique IV temps réel

Une multimodalité aggravante

Les modes de transports urbains et interurbains proposés sur un même territoire sont de plus en plus variés : train, métro, bus, tramway, trolleybus, etc.  Cette multimodalité cache également bien souvent une multiplicité de SIV voire de SAE (un système dédié au tram et un autre dédié aux bus au sein d’un même transporteur par exemple). Qui plus est, les opérateurs de transport ont également tendance à se multiplier plus qu’à se concentrer dans un même réseau.

Le cloisonnement historique des deux SI (temps réel et théorique) couplé à la démultiplication des opérateurs et des modes de transports rend complexe et coûteuse l’arrivée de nouvelles formes de services aux voyageurs agrégeant toutes les données de transport existantes sur un territoire pour apporter une réelle valeur ajoutée.

Néanmoins, ces freins ne paralysent pas totalement les acteurs des transports publics, à l’instar des plateformes régionales qui se développent sous l’impulsion des collectivités territoriales et des autorités organisatrices des transports. Ces « Systèmes d’information multimodale » (SIM) ont en effet pour but d’agréger les données provenant de plusieurs opérateurs en permettant ainsi de diffuser une information enrichie et cohérente sur l’ensemble du territoire.

La réussite de ces systèmes qui mobilisent l’ensemble des parties prenantes du secteur passe par la formalisation des données à échanger entre acteurs. Il y a ici deux possibilités : formaliser des échanges point à point spécifiques, ou bien se regrouper autour d’un standard commun. Étant donné l’effort nécessaire pour formaliser un domaine aussi complexe que l’Information voyageur, des standards d’interopérabilité ont rapidement été définis.

Aussi, on pourrait imaginer la solution du côté de la normalisation des échanges inter-systèmes, mais cela représente un chantier complexe impliquant des investissements importants de la part de tous les acteurs publics et privés du domaine. Les normes d’interopérabilité et leur implémentation feront l’objet d’une prochaine parution… l’affaire est donc à suivre !

Pour plus d’informations sur le sujet, consultez Transport Shaker, le blog transport des consultants Solucom


[1] passage du véhicule personnel vers les transports publics

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