Créer une relation de confiance avec son comité exécutif : étape 3, concrétiser la transformation !

Après avoir avec succès mobilisé son comité exécutif sur la cybersécurité , avoir fait un bilan réaliste  et  concret  de  la  situation,  vous  avez  eu  un  accord  de  principe  pour  démarrer  un programme de remédiation ! Une belle victoire, et le début d’une aventure pluri-annuel !

 

Définir les ambitions et cadrer la gouvernance

Le bilan cybersécurité et son benchmark ont permis de positionner le niveau de sécurité actuel de l’organisation, reste maintenant à définir la cible à atteindre et les moyens nécessaires pour le faire. S’engage alors un travail avec les équipes cybersécurité, de la DSI et évidemment du sponsor de niveau comité exécutif ! La cible peut prendre de nombreuses formes mais elle doit dans tous les cas répondre à des enjeux métiers clairs et concrets. « Disposer globalement d’un niveau de sécurité au-dessus de la moyenne pour éviter les attaques les plus fréquentes », « Protéger les données des clients grand-publics », « Assurer la reprise de la production des usines en moins de 4 jours en cas de cyberattaques », pour des structures plus mûres « Rationaliser les investissements cyber en dégageant 20% d’économie à niveau de risque égal » voici quelques exemples d’ambitions rencontrées sur le terrain. C’est au moment de cette définition de la cible que l’on peut adopter une approche basée sur les risques, par exemple avec des cibles différentes entre les métiers ou les entités ; une approche réglementaire en ayant des niveaux différents en fonction des contraintes métiers ou une approche globale.

Chaque cible fera l’objet d’indicateurs de performances ou de risques (KPI/KRI) pour concrétiser la manière dont l’avancement sera mesuré. Ces ambitions sont ensuite traduites en un positionnement concret sur un référentiel de cybersécurité, par thématique et par périmètre. Le plus simple consiste évidemment à reprendre les résultats du benchmark précédent mais l’utilisation d’un autre référentiel est possible. Attention, cependant il va être utilisé pendant toute la durée du programme pour suivre le progrès et piloter les différentes équipes et entités, prévoyez donc une durée de vie d’au moins 2 ans ! La définition du référentiel et des indicateurs est une étape clé pour réussir son programme, prévoyez d’y consacrer du temps, il ne s’agit pas de lancer immédiatement plein de projets techniques sans y mettre la cohérence nécessaire.

Pour le pilotage de ce programme, le RSSI devra savoir s’entourer. Les filières SSI ont rarement l’expérience de porter de telle transformation et des enjeux budgétaires de ce niveau. Une bonne pratique consiste à identifier au sein de l’organisation un directeur de programme expérimenté, habitué aux rouages de l’organisation et à créer un binôme avec le RSSI. Les compétences des deux profils se compléteront naturellement, d’un coté avec l’expertise sécurité, de l’autre avec l’expertise de pilotage d’ampleur. Le choix du binôme est aussi un facteur clé de succès important, n’hésitez pas à y consacrer du temps !

 

Construire les budgets sur des axes clairs et savoir engager les dépenses

Après avoir reçu l’accord de principe, il faut maintenant structurer clairement l’engagement budgétaire à prévoir. A nouveau, l’enjeu majeur dans la relation avec le comité exécutif sera de faire une proposition claire et précise. Les acronymes, code projets et autres termes abscons sont à bannir. La structure d’une stratégie simple « Protéger l’environnement de travail numérique », « Chiffrer et éviter les fuites des données critiques », « Détecter les attaques sur nos actifs clés » sont quelques exemples de termes utilisés avec succès. La structuration d’un programme autour de 4 ou 5 axes, regroupant une trentaine de projets est un maximum à avoir en tête. Au-delà le reporting et le suivi deviendront trop complexes.

A noter qu’il faudra se rompre à l’exercice budgétaire évidemment sur les actions de construction (« build ») mais aussi sur les coûts additionnels de fonctionnement (« run ») sans cela, la belle remédiation ne tiendra pas longtemps… L’identification également des éléments RH (nombre de recrutements/mobilités, formations à prévoir, évolution salariale, évolution des relations hiérarchiques dans les entités ou les filiales…) sont des éléments clés à cranter dans le programme pour s’assurer de sa pérennité dans le temps. C’est clairement le bon moment pour créer une vrai filière cyber dans l’organisation et la faire piloter par un « Chief operating officer » comme toute filière majeure.

La préparation de ces différents éléments budgétaires devra également prendre en compte la difficulté observées depuis maintenant plusieurs années à pouvoir engager les budgets obtenus. Le marché est en manque criant d’expertise cyber et beaucoup de projets doivent être décalés dans le temps. Il est bon de prendre une marge de manœuvre dans le cadrage des plannings pour intégrer cette situation qui va perdurer. La temporalité d’un programme classique « année 1 cadrage, année 2 réalisation, année 3 contrôle » doit être revue pour plutôt fonctionner par vague de projets de plus petite taille et enclenchée au fil de l’eau. En résumé, il vaut mieux avoir 5 vagues de 5 projets qui aboutissent plutôt que de lancer 25 cadrages simultanément !

A noter également que ces budgets et les priorités vont devoir être revus annuellement, la menace cyber étant très dynamique, il est important de garder des lignes budgétaires souples pour s’adapter à une évolution de la menace inédite comme nous en avons connu ces dernières années.

 

Montrer le progrès au comité exécutif !

Une fois le programme lancé, l’enjeu sera de montrer au comité exécutif l’avancement et les effets sur les niveaux de risques. Un reporting clair, utilisant des termes simples et lié au référentiel utilisé, ajoutant une vision sur l’avancement des projets et la progression du niveau de risque, doit être prévu de manière trimestrielle voir semestrielle. Pour cranter directement le passage en mode régulier de ce reporting, il pourra être intéressant d’ajouter des indicateurs opérationnels liés au niveau de sécurité. L’enjeu étant à terme de garder un échange au moins semestriel avec le comité exécutif pour maintenir le niveau d’attention sur le sujet cyber. Ces échanges dans la durée peuvent s’articulier avec deux rendez-vous annuels, un autour des risques (évolution de la menace et des risques pesant sur l’organisation), l’autre sur les investissements (effets de projets, enjeux budgétaires et RH de l’année suivante).

Finalement, les structures les plus avancées et celles dont le cœur de métier reposent sur le numérique, peuvent envisager d’utiliser leurs investissements en cybersécurité comme des différenciateurs métiers ! Aujourd’hui les exigences cybersécurité des clients, grand public comme professionnels, augmentent rapidement et il est possible, voire souhaitable, de valoriser les investissements réalisés pour montrer que le sujet de la cybersécurité est une priorité de l’organisation ! Et pour certaines structures, la cybersécurité pourra même devenir un centre de profits, ce qui changera clairement les discussions avec le comité exécutif.

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